[article scientifique] Conditions techniques et économiques de déploiement des robots en grande culture

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[article scientifique] Conditions techniques et économiques de déploiement des robots en grande culture

Deux articles scientifiques s’intéressant aux conditions techniques et économiques de déploiement des robots en grande culture viennent d’être publiés. Cela mérite d’être souligné car ces deux articles sont certainement précurseurs dans leur genre.

Le premier a été publié par une équipe de scientifiques affiliée à une université de Grande Bretagne bien connue pour avoir initié le projet «Hands Free Hectare» (harper Adams Université). Ce premier article s’intéresse à la forme et à la taille des parcelles et l’impact sur l’efficience et le coût de robotisation. Cette étude repose sur des simulations permettant d’estimer les temps de travaux (h/ha) et l’efficacité des travaux (%) (défini comme le temps de travail effectif par rapport au temps de travail total sur la parcelle) des robots en fonction de la taille et de la forme des parcelles dans le cas d’exploitations céréalières d’oléagineux du Royaume-Uni. L’étude a considéré des équipements de taille et de puissance variable. Elle montre que la taille et la forme des parcelles ont un impact substantiel sur les performances techniques et économiques de tous les équipements. Toutefois, à condition d’être adaptées, les machines autonomes permettent d’exploiter de manière rentable des petites parcelles (rectangulaires et non rectangulaires) de 1 ha. L’étude met en évidence un enjeu important pour le développement de la robotique. En effet, si les machines autonomes permettent de réduire les coûts de production du blé de 15 à 29 €/tonne pour les petites parcelles avec du matériel adapté. Il n’en demeure pas moins que la réduction des coûts est plus importante lorsque la taille des parcelles est plus importante et que les machines sont plus puissantes. L’étude conclut que les machines autonomes peuvent répondre à des enjeux (disponibilité de la main d’œuvre) pour les petites exploitations. Toutefois un autre angle de vue peut considérer que les machines autonomes contribuent à augmenter la taille des parcelles et des exploitations.

Le second article scientifique est publié par une équipe allemande de l’université de Bonn. Cet article s’intéresse au coût acceptable d’acquisition (CAA) des robots de désherbage et leurs déterminants dans le cas des cultures bio et conventionnelle de la betterave sucrière en Allemagne. La CAA est définie comme le prix du robot de désherbage qui permet d’obtenir le même bénéfice que les méthodes de désherbage actuelles. Les auteurs ont simulé différentes situations en partant de données issues du référencement agricole allemand combinées à des données techniques collectées auprès des entreprises de robots de désherbage. Les résultats montrent que la CAA des robots de désherbage mécanique pour l’agriculture biologique sont nettement plus élevés que ceux des robots pour l’agriculture conventionnelle. Dans le cas de l’agriculture biologique, les caractéristiques techniques des robots tels que la surface exploitée par un robot et l’efficacité du désherbage ont plus d’impact que le coût de la main d’œuvre. Pour l’agriculture conventionnelle, l’effort de supervision (et le coût de main d’œuvre associé) et l’économie d’herbicides réalisée sont les facteurs qui ont le plus d’influence. En relation avec la main d’œuvre et son coût, l’étude conclue que le coût de la main-d’œuvre non qualifiée, importante pour le désherbage dans le cadre de l’agriculture biologique, a une incidence plus importante dans le CAA que celui de la main-d’œuvre qualifiée, plus liée à la supervision du robot. Pour compléter les conclusions du premier article (mais sur la betterave sucrière), l’étude conclut également que les caractéristiques des parcelles, telles que leur taille et leur niveau de mécanisation, n’ont qu’un impact limité pour l’adoption des robots de désherbage, en revanche, une augmentation du salaire de la main-d’œuvre peu qualifiée pourrait être un facteur déterminant, surtout en bio.