Il y a quelques années, nous avions l’habitude de visiter le centre de météo-France de Toulouse avec les étudiants AgroTIC. Je pense que certains anciens de la formation s’en rappellent, surtout parce que la visite était animée par une cadre proche de la retraite qui était un passionné de la météo et des méthodes de prédiction et qui évoquait les théories de Laplace et Poincaré avec une émotion et un respect non dissimulés. Ce qui m’avait marqué dans ces visites, c’était l’extraordinaire réseau de stations météo, toutes interopérables, qui avaient été mises en place dés les années 70 à l’échelle mondiale. C’était aussi l’importance des stations météo mobiles communicantes embarquées dans les avions de ligne : seul moyen disponible pour avoir une information précise des conditions des différentes couches de l’atmosphère (température, pression, humidité, vitesse et direction du vent). J’ai ainsi compris que chaque avion de ligne était un capteur qui, à chaque décollage et chaque atterrissage, permettait d’avoir une information précise de l’état des différentes couches de l’atmosphère. La mise en réseau de toutes ces informations en temps réel participe à la mise à jour des conditions initiales de l’atmosphère : ce sont des données d’entrée précieuses et indispensables pour les modèles de prédictions. Ces données sont importantes et difficilement accessibles par d’autres moyens à tel point que les régions du globe qui ne sont pas « traversées » par les avions, comme les pôles, nécessitent l’envoie de ballons sondes pour les obtenir.

A la lecture de cet article du courrier international qui reprend un article du newscientist, et au regard du souvenir de ces visites du centre météo-France de Toulouse, il apparaît évident qu’avec 90 % de réduction du trafique aérien, les modèles de prévision météo sont privés d’une source de données précieuses. La conséquence immédiate est un risque de perte de fiabilité des prévisions météo : une conséquence évidente du confinement lorsqu’on en connait l’origine, mais pour le moins inattendue.