Comme une bête acculée dans une impasse, l’élevage français est en crise. C’est sans compter sur le numérique, qui se propose de répondre à deux défis principaux : La faible rémunération des éleveurs et l’amélioration du bien-être animal.

En optimisant les frais vétérinaires, l’intelligence artificielle (IA) est une solution prometteuse pour répondre à ces deux problématiques. Certaines IA permettent par exemple de repérer les chaleurs des vaches, afin de réaliser l’insémination au moment propice. C’est le cas de la caméra développée par AIHerd, une start-up nantaise qui vient de démarrer la commercialisation de son produit. Installée dans l’étable, la caméra alimente une IA qui reconnaît chacune des vaches du troupeau et indique si les animaux sont en chaleur et s’ils souffrent de pathologies de la locomotion.

Dans la même veine, le projet de recherche BeefSense mené par l’IDELE vise à réduire les antibiotiques contre les troubles respiratoires des bovins. Deux lots d’une cinquantaine de broutards charolais ont été équipés de trois capteurs chacun pour construire un modèle permettant de détecter un animal infecté, et ce 24h avant l’apparition des premiers symptômes. Aujourd’hui, 75 % des animaux malades sont détectés malades par le modèle et 74,5% des animaux sains sont détectés sains. La prédiction d’animaux malades permet de limiter les traitements antibiotiques aux seuls animaux malades avant propagation de la maladie, sans devoir traiter l’ensemble du lot d’animaux.

En plus de répondre à des enjeux sociétaux, les nouvelles technologies répondent également à la demande croissante des éleveurs en outils d’aide à la décision. C’est ce qu’a révélé l’entreprise Datagri à l’occasion du Salon International de l’élevage en s’appuyant sur les résultats du sondage Agrinaute 2020. Les éleveurs sont à la recherche d’outils concernant l’alimentation du troupeau, la gestion des vêlages et les traitements vétérinaires.

Même si le numérique a déjà fait ses preuves dans les systèmes de production animale, il existe encore des freins importants au développement du numérique en élevage. Selon le sondage Agrinaute, seulement 58 % détiennent un smartphone, contre 70 % pour l’ensemble des agriculteurs. La faible connectivité des les  éleveurs laitiers limite l’utilisation d’application sur smartphone et l’accès aux données en direct de l’exploitation. Alors, l’élevage français est-il prêt à faire le grand saut ?